h i s t o r i e n f o l k l o r i s t e
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Gérard Leser raconte le monde merveilleux de l'Alsace
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A Saverne vivait un verrier, qui était habitué depuis de longues années, à se rendre tous les dimanches matins dans les ruines du château de Greifenstein (Griffon), situé à l’ouest de la ville, à l’entrée de la belle vallée de la Zorn. Il s’asseyait sur un rocher, sortait un flageolet et se mettait à jouer une chanson.
A plusieurs reprises une dame habillée de blanc lui est apparue, en face, sur la tour ruinée, et elle l’accompagnait en jouant de la flûte. Le verrier, au début, était étonné par cette apparition étrange, mais il s’y habitua progressivement et un jour alors qu’il venait à nouveau d’apercevoir la dame sur le rebord de la tour, avec sous elle un vide à donner le vertige, il prit courage et l’appela : « Faites donc attention à ce que vous ne tombiez pas ! » La dame lui répondit avec un soupir : « Si seulement Dieu le voulait, je me jetterai dans les profondeurs de la vallée, afin de mettre un terme à mes souffrances ». « Êtes-vous si malheureuse ? » demanda le verrier prit de compassion. « Plus que ce que vous pouvez vous représenter. », lui répondit la forme ; « Je ne trouve pas le repos dans la tombe. Alors que j’étais encore de ce monde, j’étais vaniteuse et possessive; j’ai accumulé des trésors et encore des trésors, et je les ai cachés dans ce château; c’est aussi de manière injuste que j’ai acquis la prairie qui porte encore le nom de Helematt d’après mon nom Hélène. Mais il peut être mis fin à ma souffrance. La malédiction du ciel me transforme, à cause de mes péchés, chaque vendredi, en un hideux crapaud, et celui qui a le courage de m’embrasser dans cette apparition et de prendre la clé en or que je tiens dans ma bouche, me libère. Un tiers des riches trésors qui sont cachés dans les cavernes lui appartient, les deux autres il doit les utiliser pour les bonnes œuvres ». Ces paroles et le regard suppliant et plein de peur que la dame posa sur lui, décidèrent le verrier de lui promettre d’entreprendre sa délivrance le prochain vendredi.
Il apparut effectivement à l’heure convenue. Mais quand il vit le crapaud hideux et monstrueux avec ses immenses yeux étincelants sur le rocher, il perdit tout courage et poussé par la peur, il courut à toute vitesse vers le bas de la montagne.
A partir de ce jour, il ne s’est plus rendu dans le château de Greifenstein, et il n’a plus joué sur son instrument favori.
d’après August STOEBER, Die Sagen des Elsasses, 1858, pp. 248-249